Contribution de Dunia à la lecture transversale des contenus systématisés du Forum mondiale d’économie sociale et solidaire (GSEF 2023)
1. Méthodologie
La présente démarche d’analyse s’inspire des méthodes scientifiques d’investigation qualitative.
- 1ère étape : le compte-rendu de chaque session par les rapporteurs a généré un verbatim primaire (2300 énoncés pour l’ensemble du forum), structuré selon quatre catégories d’analyse, à savoir 1. principaux points soulevés; 2. résumé du rapporteur; 3. objectifs et perspectives ; 4. principales recommandations, complété par d’autres méta-données (journée du forum, noms des rapporteurs, liste des intervenants, thèmes, catégorie de session, etc.). Ce verbatim de 70 sessions au total a été édité et créé dans un répertoire documentaire en ligne grâce au logiciel Fichothèque, sous la forme d’une collection de fiches de synthèse.
- 2ème étape : le verbatim de chaque session a fait l’objet d’une cartographie conceptuelle (ou carte heuristique) à l’aide du logiciel Desmodo (https://desmographies2.desmodo.net/gsef). On obtient ainsi 70 cartes conceptuelles initiales, distribuées selon les sept thématiques du forum, qui représentent ainsi une unité de synthèse pour chaque session du forum.
Carte conceptuelle de la session 1SA18. Le verbatim primaire et les méta-données de la session sont positionnés sous forme de descripteur rectangulaire dans leur catégorie respective d’analyse correspondante (indiquée en périphérie).
- 3ème étape : une première étape d’interprétation s’effectue sur la base de cartes conceptuelles inversées, c’est-à-dire une visualisation mettant au centre l’une des quatre catégories d’analyse et réunissant les descripteurs de toutes les sessions d’une même thématique ou de toutes les thématiques. La lecture de ce verbatim, visualisé sous l’angle de chaque catégorie initiale d’analyse, permet d’esquisser un nouveau système de méta-catégories basées cette fois-ci sur le contenu du verbatim. Ces méta-catégories sont produites intellectuellement, par la lecture itérative des cartes inversées, dans le but d’identifier des éléments communs de stratégie, de perspectives de changement (ou de divergence, de rupture, etc.). Chemin faisant, on aboutit ainsi à 23 axes stratégiques ayant une consistance significative au vu de l’ensemble des thématiques (les méta-catégories trop marginales ou anecdotiques ne sont pas retenues). Au cours de cette étape, s’élabore une deuxième unité de synthèse à l’échelle de l’ensemble des thématiques, c’est-à-dire pour l’ensemble des sessions systématisées.
Carte inversée de la catégorie Principales recommandations. Le verbatim des sessions de la thématique 1 est rassemblé autour de cette même catégorie (au centre) et mis en relation avec la session de référence (périphérie de la carte).
- 4ème étape : le verbatim qui fonde chaque nouvelle méta-catégorie d’analyse est cartographié au sein d’une nouvelle génération de carte conceptuelle. On obtient donc 23 nouvelles cartes conceptuelles pour l’ensemble des axes stratégiques.
Carte conceptuelle de l’axe stratégique A1 (au centre). Le verbatim sous-jacent à cet axe (descripteurs rectangulaires) est positionné selon les sessions initiales (périphérie) durant lesquelles il a été énoncé.
- 5ème étape : de la même manière, l’analyse des 23 axes permet de dégager de nouvelles méta-catégories. Cinq axes se distinguent et donnent lieu à cette carte de synthèse.
Cartographie des 23 axes stratégiques (descripteurs rectangulaires) du forum (au centre) positionnés selon les 5 grands axes émergents (périphérie)
Un tel exercice de réflexion inductive et abductive n’est pas séparable du prisme intellectuel, donc subjectif, de l’auteur qui a réalisé cette interprétation (François Soulard), sachant qu’elle peut bien sûr se produire de manière plus collective ou s’enrichir d’autres contributions.
Enfin, une fois structuré sous la forme d’une table de relation (axe 1 -> verbatim1 axe 1 -> verbatim3 ax2 -> verbatim5…), le verbatim primaire, les 23 axes stratégiques ainsi que les cinq axes émergents peuvent être visualisés sous la forme d’un (ou de plusieurs) graphe réseau grâce au logiciel Gephi.
Graphe réseau calculé à partir du verbatim primaire, des sessions, des 23 axes stratégiques et des 5 axes émergents.
Voir au format SVG : https://dakar2023.gsef-net.org/wp-content/uploads/sites/2/2023/07/Untitled.svg.
2. Cinq grands axes émergents
Cinq grandes perspectives se dégagent de la lecture transversale des 70 sessions systématisées. Une telle vision d’ensemble, irréductible à la diversité des contributions exprimées à Dakar, représente moins un consensus implicite des participants qu’une recherche heuristique de perspectives communes susceptible de donner du sens au mouvement d’ensemble.
S’adapter.
Le monde a évolué rapidement. La COVID-19 a précipité la perception d’un nouvel environnement géostratégique reposant sur une compétition acérée entre des États industriels anciens et émergents dont les désirs d’autonomie sont vifs, y compris en Afrique. Sur un échiquier multipolaire plus divisé, fragmenté et traversé par des conflits globalisés (Ukraine) ou politico-religieux (Afrique), se superposent des interdépendances climatiques, économiques ou sanitaires (COVID-19) qui, toujours suivant les contextes exacerbent des tensions antérieures. L’économie contemporaine, transformée par l’informatisation, accentue par ailleurs les inégalités et la désarticulation des territoires. Si l’éthique de solidarité continue à résonner particulièrement fort dans ce monde plus âpre, la grille de lecture bâtie autour de la notion de durabilité, abondamment énoncée dans les sessions aux côtés d’autres catégories onusiennes (économie bleue, verte, etc.), n’est plus vraiment suffisante pour s’orienter dans ce nouvel environnement.
Dans ce sens, l’ESS est invitée à se positionner devant le « monde de demain », devenu tangible. Les sessions du forum soulignent que l’ESS est au service à la fois de ces évolutions vues de façon positive (plus forte autonomie des nations et des communautés) et de contribuer à contrebalancer ses volets négatifs (changements climatiques, résilience sociale, intégration régionale, inclusion, ré-équilibrage des territoires). Le potentiel de l’ESS, ainsi que sa légitimité, est notamment de se situer devant ses enjeux. La reconnaissance de l’économie sociale et solidaire par l’ONU en 2022 fait écho à cette préoccupation et ouvre une fenêtre d’opportunité.
Dans cette optique, l’un des mots-clés est de s’adapter. En premier lieu à cette évolution du monde qui se ramifie de différentes manières jusque dans la vie des communautés locales, ensuite aux nouvelles règles induites par l’économie contemporaine. Qu’on le veuille ou non, la numérisation a rabattu de nombreuses cartes, laissant apparaître des nouveaux vecteurs de création de richesse, des risques et des opportunités qui sont à saisir. Bien des définitions ou réflexes provenant du paradigme capitaliste dominant, qu’il s’agisse par exemple des approches de l’informalité, du financement, des technologies numériques ou des modes d’échange économique, perdurent dans l’univers diffus de l’ESS. Les débats montrent que toutes les dimensions de l’ESS, pensée, organisation, modes d’action, cadres institutionnels, sont traversées par des inerties d’ordre organisationnel, cognitif, culturel, financier, etc..
Cette demande d’adaptation remet ainsi au premier plan l’une des raisons d’être de l’ESS. En tant qu’économie reliée étroitement à une visée politique, elle s’invente au gré des besoins et des objectifs de cohésion qu’elle entend poursuivre. Les obstacles créés par la matrice économique contemporaine font donc pleinement partie de sa feuille de route et deviennent autant de questions à aborder aveec critique et lucidité.
Combiner unité et diversité.
Les débats de Dakar renvoient très souvent à l’idée d’expérimentation collective, c’est-à-dire au développement de modes d’organisation atypiques ou innovants. Les débats poussent l’idée plus loin en évoquant l’insertion dans une mutation plus large de l’action collective. L’art de concilier unité et diversité est au centre de cette équation. S’ancrer dans les savoirs endogènes, s’enraciner dans les besoins exprimés au niveau des territoires, s’appuyer sur les protagonistes des initiatives vont de pair avec la recherche de visions et de cadres communs et d’une co-élaboration partagée. Point essentiel, la recherche d’unité s’accompagne d’une « croissance en diversité ». Il s’agit moins de faire du « copier-coller » de recettes existantes ou d’appliquer des approches hors-sols se superposant aux réalités vécues que d’élaborer des réponses de façon ascendante par le rapprochement d’une mosaïque d’acteurs et d’expériences.
Comme le soulignent certains ateliers, ce modus operandi constitue un vrai renversement. Comment augmenter la pluralité de formes de l’ESS tout en renforçant l’adhésion à des objectifs communs ? Cette recherche de jeu à somme positive entre unité et diversité alimente un lien créatif entre le local et le global. D’où l’importance de la conduite flexible et apprenante des processus, plutôt que la reproduction de formes institutionnelles préétablies. Les mécanismes de dialogue, de co-construction des initiatives, d’intelligibilité des territoires sont ainsi valorisés comme des modes d’action prioritaires. Le territoire – ou la communauté – s’affiche comme une échelle par excellence de l’ESS, envisagé est à la fois comme un niveau d’action et une approche à privilégier dans les initiatives. Certains ateliers vont plus loin en envisageant les territoires comme un nouvel acteur collectif aux côtés du marché, de l’État et de la société civile.
Conséquence de cette dialectique, il s’agit de penser dans des termes créatifs la manière de traduire sur le terrain des cadres d’action tels que ceux des Objectifs de développement durable (ODS) ou d’autres cadres nationaux d’ESS. Là aussi, il est contradictoire de transposer « verticalement » de tels cadres, et l’outillage qu’ils véhiculent, à des réalités territoriales. De ce point de vue, l’essence de l’ESS apparaît comme une modalité flexible d’élaboration de projets, en réponse à des besoins locaux, dans une logique de subsidiarité avec les échelons supérieure de gouvernance.
Autre conséquence de cette philosophie de l’action, le renforcement des capacités, l’accompagnement ainsi que l’échange d’expérience et la mise en réseau. Ces quatre lignes d’action sont affirmées haut et fort dans le modus operandi de l’« être collectif organisé » en germe de l’ESS. L’action complexe du champ de l’économie sociale et solidaire demande un écosystème d’accompagnement et une montée en capacité des acteurs, notamment en matière de connaissances comme on le verra plus loin. L’échange d’expérience et la mise en réseau sont le moyen de construire des apprentissages pertinents, provenant de l’expérimentation elle-même, et d’articuler les échelles d’action.
L’insistance, peu explicite dans les sessions, sur ce rapport unité-diversité suggère néanmoins que l’ESS évolue dans un creux théorique et praxéologique sur la question. Le poids occupé par cet axe dans les débats de Dakar argumente en faveur d’un plus fort investissement intellectuel en la matière.
S’allier et articuler.
Certains ateliers ont comparé l’ESS à une économie de la « poignée de main ». La construction d’alliances et de partenariats est en effet une constante dans les débats et se présente sous différentes dimensions. D’un côté, elles permettent une expansion des démarches d’ESS. Il s’agit d’aller rechercher des coopérations professionnelles et internationales afin de renforcer les processus transformateurs et de viser un changement d’échelle, du moins une articulation des échelles d’action. De l’autre, la fabrique de partenariats s’affiche comme la substance même des processus d’ESS. Ici et là, les expériences mettent l’accent sur le fait de s’être construite à partir de la mise en relation. Mettre en lien des acteurs localement séparés sous l’effet d’absence de politiques publiques ou du tropisme des modèles de développement, articuler des thématiques demeurant cloisonnées en raison du fonctionnement en tuyaux d’orgue de la matrice sociopolitique s’affirment comme deux composants essentiels des débats.
Replacée dans la perspective territoriale mise en relief précédemment, l’ESS prend alors un sens plus profond : celui d’outiller la reconstruction des cohérences horizontales des territoires soumis à de nouvelles dynamiques de désarticulation – et à l’inverse de relocalisation – dans la phase actuelle de la mondialisation. De ce fait, l’ESS converge avec d’autres démarches qui partagent cet objectif de remise en cohérence : souveraineté alimentaire, commerce local et circuit court, finance participative, démocratie locale et citoyenneté, logiciels libres et technologies appropriées, inter-communalité, migration, insertion et culture de l’entrepreneuriat, implication locale de l’industrie et des entreprises, etc. Les ateliers réaffirment, plus ou moins explicitement, que ces champs d’activité sont susceptibles d’œuvrer à une même politique de cohésion horizontale des territoires, ce qui sous-entend de se doter d’une vision, de cadres et de processus de mobilisation pour engendrer ces synergies toujours complexes à établir. L’insistance des sessions sur un partenariat allant bien au-delà de la délimitation thématique de l’ESS montre que cette aspiration au rapprochement des acteurs renvoie à une véritable politique de mise en synergie des territoires. Celle-ci est envisagée comme un moyen de donner plus de consistance politique à l’ESS.
Corollaire de cette ligne de force, il faut donc, comme le suggère de multiples espaces thématiques, impulser des processus de mobilisation et promouvoir la participation active. De multiples formes de participation sont suggérées dans les sessions, toujours selon les contextes dans lesquels elles s’enracinent. Là aussi, la recherche de participation des différents protagonistes répond moins à une obligation de moyen (conformité) qu’à une obligation de résultat (créativité des processus). L’important ne réside pas dans la forme participative adoptée, sinon dans la pertinence du processus permettant de garantir un enracinement social, un protagonisme actif et un portage autonome des initiatives.
De tels processus, particulièrement exigeants en intelligence collective et en énergie, impliquent des renversements de pratique et de perception au sein des cultures stratégiques.
Connaître et monter en capacité.
Connaître pour s’adapter, agir en contexte de grande diversité, s’allier à d’autres et transformer. Ce continuum, trivial en apparence, se dégage distinctement du forum. L’impératif de connaissance s’exprime sous trois angles. D’abord, les modalités d’élaboration des connaissances qui sont mobilisés dans l’ESS sont appelées à être en phase avec la nature des processus en jeu. On retrouve une nouvelle fois la recherche de pertinence, à savoir la cohérence entre les fins et les moyens. Autrement dit, pas d’approche territoriale, de dynamique partenariale et participative ou tout bonnement de compréhension fine des processus de l’ESS sans approche constructiviste, systémique, interdisciplinaire et pragmatique, sans opérer un aller-retour en action et réflexion ou entre contexte particulier et vision d’ensemble. Un effort de renouveau épistémologique en découle.
De fait, ces modalités impliquent d’abord une déconstruction des modes de connaissance dominants. Les sessions du forum Femm’ESS montrent d’ailleurs bien comment les projets d’ESS doivent s’affronter avec toute sorte de stéréotypes et de préconçus qui contribuent au maintien de la ségrégation des acteurs. Ces modalités plus adéquates (recherche-action, collaboration, alliance chercheur-acteur) doivent aussi s’appliquer à la recherche scientifique, très fortement plébiscitée dans les sessions pour appuyer la montée en intelligence de l’ESS.
Seconde dimension, au renouveau qualitatif des processus cognitifs correspond un effort quantitatif de formation. De l’école et l’université, des espaces civils jusqu’à l’intérieur des projets d’ESS, il s’agit de générer des dynamiques de formation capables de mettre les acteurs en situation de comprendre et d’entreprendre, en mobilisant des dimensions techniques et organisationnelles, ce qui n’est pas nécessairement synonyme de savoir académique traditionnel. Former renvoie au sens plus mobilisateur d’accroître les capacités individuelles et collectives pour agir dans un contexte qui demande de conduire des transformations exigeantes. Le partage d’expérience, comme on l’a vu plus haut, est l’une des approches cognitives à favoriser.
Enfin, en prolongement de ces derniers points, les sessions dénotent un manque de connaissances permettant d’appréhender la portée des transformations véhiculées par l’ESS. Il est nécessaire de développer les mesures d’impact et l’évaluation dans les projets d’ESS, ce qui conduit également à innover dans les méthodologies d’étude. L’évaluation des projets est ainsi sommée de répondre moins à un exercice de qualification objective que comme un levier d’intelligence collective favorisant les apprentissages.
Enfin, le partage de l’information est mentionné comme facteur conditionnant la coordination entre les acteurs.
Outiller et concevoir le changement.
Les quatre axes stratégiques antérieurs supposent une série de changements particulièrement complexes à mettre en œuvre, ce qui soulève inévitablement la question du corps collectif capable d’impulser un tel agenda de transformation. Le mouvement de l’ESS doit-il se consolider en misant sur la propagation et l’accumulation spontanée d’une multitude d’initiatives locales ? Doit-il se doter d’une feuille de route stratégique susceptible de guider les imaginaires, de saisir les opportunités et de concentrer l’action sur certains leviers ? Si la magnitude du forum ne permit que difficilement d’explorer précisément ce questionnement, les participants semblent cependant s’incliner pour la seconde hypothèse. En un mot, l’ESS, en plus de mieux de connaître, doit à présent mieux concevoir des changements au sein des systèmes dans lesquels elle s’insère.
Dans cette perspectives, cinq lignes de force sont identifiées : s’inscrire dans la durée ; articuler les échelles ; structurer les initiatives ; bâtir des modèles ; outiller les démarches (sur le terrain culturel, juridique et financier). L’inscription dans la durée et l’articulation des échelles sont en fait deux questions qui se rejoignent dans la mesure où il s’agit dans les deux cas de construire des relations entre échelles différentes. Échelles de temps pour le premier (le présent voire l’urgence dans laquelle se tisse les projets, le moyen terme et le long terme). Échelle de gouvernance pour le second (localité, province, État, région, monde). L’accent placé sur le temps long dénote qu’une faiblesse se situe à ce niveau, tandis que l’échelle nationale et internationale semblent les priorités en termes d’échelon politique.
La structuration des initiatives, fortement mise en relief, constitue un vecteur préférentiel pour consolider les initiatives et inciter ces changements d’échelle. Dans des réalités de l’ESS perçues encore comme très embryonnaires, les participants appellent la création de cadres de concertation, de processus nationaux et internationaux, la formalisation de partenariats, l’institutionnalisation des initiatives (coopératives, groupements, association, entreprises, etc.). Il s’agit de passer de l’informalité au contenant institutionnel. Mais l’attention est surtout portée sur les processus constituants de cette structuration, le pouvoir mobilisateur de l’agenda, des méthodes de travail et des chantiers communs animés en réseau étant jugés plus significatifs que toute configuration institutionnelle.
D’où le rôle rempli par les modèles d’ESS qui incarnent la mise en avant et la projection de l’ESS au sein de la société et de ses enjeux. En quoi l’ESS propose-t-elle une alternative et s’adresse-t-elle à des enjeux de la macro-économie ? Quelle richesse apporte-t-elle et quelle est l’importance de sa dimension sociale ? Comme évoqué plus haut, le modèle d’ESS qui ressort des sessions est celui d’une économie attachée à reconstruire les relations et la cohérence des territoires, enracinée sur des besoins socio-économiques locaux et fonctionnant selon des arrangements organisationnels permettant d’atteindre simultanément les objectifs de création de richesse, d’inclusion, de citoyenneté, de participation et articulation de secteurs d’activité.
Enfin, l’outillage culturel, financier et juridique sont les faces d’une même monnaie. L’appui financier vise à soutenir des écosystèmes permettant de faire naître et pérenniser des démarches d’ESS, selon des modalités adaptées à leurs réalités et non pas calibrées sur les critères traditionnels du marché. La création ou le renforcement de cadres juridiques pour l’ESS sont une condition de reconnaissance puis de structuration des acteurs. Enfin, la dimension culturelle renvoie aux méthodes qu’il est nécessaire de déployer pour entreprendre les transformations culturelles qui vont de pair avec l’ESS.