Voici un bref panorama de l’architecture de contrôle informationnel germant au sein des démocraties occidentales, utilisant la lutte contre les menaces informationnelles comme leitmotiv et mode de blanchiment de sa démarche.
En 2018, un index global de désinformation a été créé d’abord aux États-Unis afin de tracer et identifier les flux de désinformation dans les médias, ainsi que les discours haineux. Le projet a été appuyé par des acteurs de la constellation de George Soros et diverses fondations nord-américaines, en réaction à l’irruption de Donald Trump dans le paysage politique américain. Il a créé une polémique, toujours aux USA, dans la mesure où il a induit des pressions sur les médias et des départs en série de nombreux journalistes.
En parallèle, différentes enceintes parlementaires européennes ont mis le doigt sur la menace informationnelle des puissances étrangères, telles que la Russie et la Chine. Cela a été le cas du Rapport français sur les ingérences de juin 2023 soulignant la menace russe et chinoise, tout en taisant le rôle actif des alliés atlantiques. Le conflit russo-ukrainien a clairement constitué un accélérateur des inquiétudes sur la guerre de l’information.
Des initiatives civiles, comme celles de Sleeping Giants, Antifa, Hope not hate, Media Matters, NewsGuard, PropOrNot ou Shareblue Media, lancées également suite à l’arrivée au pouvoir des Républicains, se sont chargées de pointer les médias accusés de se prêter au jeu de la désinformation, autour de questions portant sur l’économie, le climat, les libertés civiles, etc.
Plus récemment, en 2023, a été formalisé le cadre méthodologique DISARM Framework, lié aux travaux du Conseil de l’Atlantique, de la CIA et de l’OTAN et soutenu également par la diplomatie civile et globaliste des Démocrates (par l’entremise de George Soros et Pierre Omidyar).
Ce cadre propose une méthodologie unifiée pour identifier la désinformation et contrer les dissidences. En Europe, il est porté publiquement par une plate-forme d’acteurs civils (Alliance4Europe). D’abord expérimenté par l’OMS pour lutter contre les oppositions aux politiques de vaccination durant la COVID-19, ses dérives ont fait l’objet d’analyses ici et là.
Tout indique qu’il s’agit d’un nouveau prototype de contrôle médiatique, coordonné à l’échelle internationale, que certains ont d’ores et déjà nommé le « complexe industriel de la censure », instrumentalisant la lutte contre la désinformation pour blanchir sa finalité offensive.
Au Brésil, ce phénomène a été pointé comme tel par le journaliste brésilien David Agape et certains référents politiques (Ernesto Araújo, ancien ministre des relations extérieures du président Jair Bolsonaro ). Il est mis en œuvre par le gouvernement brésilien afin de neutraliser son opposition politique et les dissidences.
Des débats parlementaires ont lieu ici et là en Amérique Latine sur la nécessité de réguler les réseaux sociaux.
En Europe, le Commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, s’est chargé de mettre la pression sur les principales plateformes (Meta, Twitter, TikTok) pour imposer le contrôle des contenus, en faisant fi de la responsabilité des gouvernements dans la production de la désinformation. Le Président Emmanuel Macron accompagne activement cette approche.
La normalisation du bannissement des dissidences se resserre également sur les voix critiques du catastrophisme climatique ou de l’offensive énergétique et alimentaire. Les médias faisant par exemple écho aux mobilisations actuelles des agriculteurs ont été taxées d’extrême droite et des campagnes de désinformation ont été lancées par l’appareil démocrate.
L’année 2024 pesant lourdement dans le calendrier électoral, nous aurons toutes les chances d’observer les multiples visages et le fonctionnement de ce dispositif.
Une lecture sur le plan de la guerre de l’information permet de saisir la visée conflictuelle de la manœuvre, utilisant la lutte contre les menaces informationnelles comme nouveau mécanisme de blanchiment (sans pour autant nier que certaines menaces informationnelles sont réelles).
La question de fond nouvellement posée est celle de l’approche pertinente pour contrer les ingérences informationnelles. La dérive par la censure est un risque permanent qui n’épargne pas les démocraties, encore plus celles qui comportent des minorités actives capables d’instrumentaliser cette problématique à des fins autoritaires.
Une veille et un nouveau débat seront nécessaires sur la question.